Le Val-de-Grâce est l’un des projets sur lequel j’ai collaboré dans le cadre de mon activité de restauration du patrimoine. Gorgé d’histoire, ce lieu emblématique du XVIIème siècle m’a transportée 400 ans en arrière, là où les rois dirigeaient encore le pays. Ici, j’ai découvert une histoire passionnante, celle d’Anne d’Autriche, femme du roi Louis XIII et mère du roi Soleil. Grâce aux monuments historiques que je restaure, j’ai la chance de découvrir une autre facette de l’Histoire de la France et de visiter des sites incroyables. Lors de ce projet, j’ai été chargée de retrouver et de créer la couleur d’origine de la porte de l’église du Val-de-Grâce. Un projet somptueux et rempli d’Histoire. Dans cet article, je vous raconte comment j’ai créé la couleur « Val-de-Grâce » et l’histoire de ce lieu incroyable.
La couleur « Val-de-Grâce » est un vert profond avec une nuance de bronze. Elle a été réalisée spécialement pour la porte monumentale de l’église du Val-de-Grâce à Paris. Aujourd’hui, cette peinture est également en vente pour nos clients, en peinture intérieure et extérieure.
En 2016, à la demande de l’architecte en chef des monuments historiques, M. Manciulescu, je me suis rendue aux ateliers Aubert Labansat (entreprise de menuiserie près de Coutances). C’est là que j’ai découvert une magnifique porte monumentale en pleine restauration : celle du Val-de-Grâce. Aujourd’hui encore, ses dimensions sont incroyables puisqu’elle mesure 6 mètres de hauteur et 2.40 mètres de largeur. Sous les couches de peinture les plus récentes, j’ai découvert la teinte d’origine mentionnée par l’architecte, un vert sublime ! Sur place, j’ai reproduit la teinte et créé la formule à l’atelier de Fougères. Cette peinture est désormais en vente pour les particuliers depuis la boutique en ligne, vous pouvez la retrouver sous le nom de « Val de Grâce » dans les peintures intérieures et extérieures.
C’est sur une base de peinture aux huiles naturelles Malouinières que la formule a été créée. Après avoir mélangé les pigments et réaliser plusieurs essais, la couleur d’origine a enfin pu renaître. La peinture a été appliquée par l’équipe de menuisiers, et maintenant, la porte a repris sa place d’origine. Toujours en collaboration avec l’architecte, j’ai également participé à un second projet sur le même site. En effet, Malouinières a été chargé d’embellir le pavillon Anne d’Autriche en fournissant une teinte sur mesure, un gris plomb, nommé Ville Bague.
Anne d’Autriche, Espagnole de naissance, est la femme du roi Louis XIII. Fiancés à 10 ans et mariés à 14 ans, les deux époux sont les victimes d’une union politique forcée entre la France et l’Espagne. Déjà peu emballé par ce mariage, le roi se retrouve obligé par sa mère, Marie de Médicis, à consommer contre son gré la nuit de noces. Ce rapport forcé sera vécu comme un traumatisme pour Louis XIII, à tel point qu’il n’entretiendra plus aucunes relations charnelles avec sa femme durant les quatre années suivantes.
Pourtant considérée comme une jolie femme, la reine, délaissée par son mari, trouve difficilement sa place dans sa nouvelle famille. À partir de 1621, elle décide alors d’installer une communauté de religieuses très pieuses dans ce qui n’est pas encore Paris, mais une charmante vallée dite de la Grâce. Attendant toujours de tomber enceinte du futur héritier et voulant échapper à la cour de son mari, elle aime s’y rendre régulièrement pour se ressourcer. Là-bas, en plus de prier la Nativité, elle correspond secrètement avec quelques amis peu appréciés de la cour. Le roi Louis XIII ne manqua pas de le savoir, et lui interdit alors tout déplacement au Val-de-Grâce. Il ira même jusqu’à demander aux autorités d’enquêter sur elle pour en savoir plus sur ses activités, la suspectant alors d’avoir trahi son pays d’adoption. C’est dans cette ambiance très tendue que, quelques mois plus tard et après 23 ans de mariage, la reine tombera finalement enceinte de son premier enfant tant attendu. Celui qui deviendra, des années plus tard, le Roi Soleil.
C’est en 1645 que la reine Anne d’Autriche, accompagnée de son fils aîné Louis XIV alors âgé de 7 ans, commence les travaux de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce. Plus connu sous le nom de l’église du Val-de-Grâce, cet édifice est un symbole très fort pour la reine. En effet, lorsqu’elle attendait désespérément de tomber enceinte, elle avait fait une promesse : « Si Dieu me donne un fils, je ferai bâtir une église au Val-de-Grâce ! ». Son fils étant arrivé, elle respecta ses paroles en la bâtissant, tel un temple dédié à la nativité. Elle ne put commencer la construction de ce projet qu’à partir de 1643, date à laquelle elle fut nommée régente du royaume. En effet, la construction nécessitant un investissement important, elle dut attendre d’être en charge du budget pour pouvoir financer les travaux. La construction sera stoppée en 1646, Anne d’Autriche et le pays traversant une période difficile. Elle reprendra en 1655 et terminera la même année.
C’est au Louvre à Paris qu’elle décédera d’un cancer du sein le 20 janvier 1666, à 64 ans. Sur son lit de mort, elle n’émettra qu’une seule volonté : que son cœur soit retiré. Son corps sera alors inhumé à Saint-Denis, et son cœur, quant à lui, sera déposé au Val-de-Grâce, à la chapelle Sainte-Anne. Malheureusement, en 1793, de nombreuses tombes y sont profanées. L’urne dans laquelle repose le cœur de la reine est volée. Elle est ensuite vendue, ou peut-être échangée, contre des tableaux à des peintres. En effet, son contenu est à l’époque très prisé (et donc hors de prix), car les substances issues des embaumements sont très rares. Le principe est que, une fois intégrées à de l’huile, elles donnent une brillance incomparable aux tableaux.
Située dans le 5e arrondissement de Paris, place Alphonse-Laveran, l’église Notre-Dame du Val-de-Grâce a été construite dans un style classique baroque français. Avant la Révolution, elle était l'église de l'abbaye royale du Val-de-Grâce. L'église et le couvent furent construits au milieu du XVIIe siècle par l’architecte François Mansart. D’un côté architectural, l'église a un plan en croix latine avec un dôme visible depuis le parvis. Elle rappelle certaines élévations d'églises érigées à la première moitié du XVIIe siècle avec sa façade à deux étages, son double niveau de colonnes jumelées supportant un fronton triangulaire et ses deux ailerons bien caractéristiques.
Suite à la révolution de 1793, le Val-de-Grâce devient dans un premier temps un hôpital militaire pour se transformer ensuite en hôpital d’instruction en 1796.
En 1979, l'hôpital d'instruction des armées est transféré dans un nouvel établissement plus moderne et construit à l'est de l'ancien potager des bénédictines. Cet hôpital des armées a accueilli, jusqu’à sa fermeture, quelques grandes personnalités diplomatiques politiques du XXe siècle comme François Mitterrand, Jacques Chirac, Yasser Arafat, Abdelaziz Bouteflika ou encore l’Abbé Pierre. Il fermera en 2016.
Aujourd’hui, l’intérieur du bâtiment regroupe plusieurs activités :
L'église Notre-Dame du Val-de-Grâce est ouverte au public aux mêmes heures que le musée. Il y a des messes dominicales et des concerts de musique classique qui s'y déroulent régulièrement.
J’ai eu le privilège de participer à ce superbe chantier de restauration, où j’ai pu collaborer avec plusieurs corps de métiers : menuisiers, peintres, coloriste… C’était un réel travail d’équipe orchestré par un architecte en chef des monuments historiques passionné et passionnant. Sur place, j’ai pu découvrir un lieu spirituel chargé d’histoire et d’émotion. Un endroit où, encore une fois, la foi, la passion et la ténacité d’une seule et même personne ont permis de faire naître une construction incroyable.
Vous pouvez retrouver la couleur du Val-de-Grâce sur notre boutique en ligne, qui se décline en peinture intérieure et en peinture extérieure. La profondeur de son vert mélangé à une subtile nuance de bronze donnera du caractère et du cachet à vos pièces, l’occasion d’avoir un bout d’histoire chez soi.