George Sand est l’une des figures françaises les plus emblématiques du XIXe siècle. Née sous le nom d’Aurore Dupin en 1804, c’est avec le pseudonyme de George Sand qu’elle se fait connaitre grâce à sa plume hors pair ainsi qu'à ses engagements politiques et sociétaux affirmés. À la fois romancière, dramaturge, critique littéraire et journaliste, elle s’investit corps et âme pour faire bouger les mentalités et défendre notamment les droits des femmes. Sa vie est rythmée par l’écriture, ses conquêtes amoureuses, ses enfants, ses engagements… et son havre de paix situé à Nohant, héritée de sa grand-mère. Cette maison familiale fait partie des témoins privilégiés de la vie de l’écrivaine, de son enfance jusqu’à son décès en 1876. C’est cette majestueuse demeure, en plein cœur du Berry, qui est à l'origine de la peinture intérieure George Sand et de la peinture extérieure Bleu de George, créées par Malouinières.
Aurore Dupin naît à Paris le 1er juillet 1804. Elle est le fruit d’une relation peu appréciée à l’époque, entre un père aristocrate et une mère issue d’une famille populaire. Malgré tout, ce sont justement ces deux origines sociales diamétralement opposées qui joueront un rôle déterminant dans la personnalité et les futurs choix engagés d’Aurore.
Elle n’a que 4 ans lorsqu’elle perd son père. La grand-mère paternelle, ne portant pas sa belle-fille dans son cœur, exige alors de cette dernière la garde d’Aurore, en contrepartie d’une rente mensuelle. À contrecœur, la mère n’a pas d’autres choix que d’accepter cet arrangement.
Aurore est élevée par sa grand-mère, bercée par un amour réciproque et une éducation rigoureuse. C’est là qu’elle se prend de passion pour la philosophie et la littérature, fascinée par les œuvres de Jean-Jacques Rousseau, Chateaubriand, Aristote, Montaigne, Shakespeare…
Jusqu’à ses 18 ans, Aurore vit entre le domaine de Nohant, appartenant à sa grand-mère, et Paris, où elle rend visite à sa mère de temps à autre.
Un an après le décès de sa grand-mère (dont elle a hérité la maison familiale de Nohant), Aurore se marie au baron Casimir Dudevant, avocat à la cour royale, en 1822. À tout juste 18 ans, elle devient la baronne Dudevant.
Elle voit en ce mariage l’occasion de gagner en liberté et en autonomie. Mais la réalité est tout autre : les épouses sont à cette époque dépendantes de leur mari, considérées comme mineures. En plus de cette soumission imposée, elle se rend compte que l’idylle des premiers jours a laissé place à l’ennui, son mari se révélant finalement grossier et peu cultivé.
Un an plus tard, en 1823, elle met au monde son premier enfant, Maurice. Malgré leur parentalité, le mariage ne s’améliore pas, bien au contraire. Et des rumeurs de liaisons commencent à se propager.
En 1828, elle donne naissance à Solange, son second enfant. Mais son aventure avec un séduisant littéraire quelques mois plus tôt soulèvera la question de l’identité du vrai père paternel.
Casimir sombre un peu plus : il commence à boire à outrance, devient odieux et ne cache pas ses aventures d’un soir avec les servantes.
En 1836, la séparation (le divorce n’existe pas encore) demandée par Aurore est prononcée en sa faveur. Elle vit ensuite entre Paris et Nohant.
Le roman d'Indiana fait référence à cette période : il relate ses tristesses conjugales, où les malheurs d’Indiana ressemblent à ceux d’Aurore, et où la dureté du colonel Delmare s’apparente à celle de Casimir.
En 1831, il souffle comme un vent de romantisme et de légèreté à Paris. Avec ses nouveaux amis bohèmes, Aurore vit un quotidien rythmé par les théâtres, les musées et les bibliothèques. Elle découvre la liberté : la liberté de penser, de choisir, de se comporter, de se vêtir.
Sa permission de travestissement (papier officiel autorisant les femmes à s’habiller en homme) validée par les autorités, elle commence à adopter et à affirmer un look masculin : elle se coupe les cheveux au carré, porte des cravates et des chapeaux, fume le cigare.
Puis, alors qu’elle est journaliste au Figaro, elle rencontre un homme qui va changer sa destinée : Jules Sandeau.
Devenus amants, ils écrivent ensemble le roman Rose et Blanche, publié sous le pseudonyme de J.Sand (nom d’écrivain de Jules Sandeau). Le succès de l’ouvrage est tel, qu’un autre éditeur leur en commande un nouveau. Aurore propose son dernier roman, Indiana, qu’elle a écrit durant le dernier hiver. Mais Jules Sandeau, modeste, refuse de signer un livre de son pseudonyme J.Sand sans en avoir écrit une ligne.
Il n’y a pas d’autres choix : Aurore doit elle aussi trouver un nom de plume. Le nom de Sand est gardé à la demande de l’éditeur, mais le J de Jules est remplacé par le G de George.
Derrière ce prénom peu commun se cachent plusieurs raisons :
- ses origines du Berry : « Je pris vite et sans chercher celui de George qui me paraissait synonyme de Berrichon ».
- avec un nom masculin, « Jules et George, inconnus au public, passeraient pour frères ou cousins. »
- sans le -s final du prénom Georges, l’écrivaine souligne l’ambiguïté et l’androgynie qui la caractérise si bien.
C’est le seul livre signé de G.Sand, tous les suivants apposeront le nom de George Sand.
Elle n’est pas la seule à l’époque à choisir un nom de plume masculin pour signer ses écrits, les femmes écrivaines étant méprisées et peu prises au sérieux. Néanmoins, elle reste la seule auteure du XIXe siècle dont les œuvres sont classées parmi « les auteurs », et non pas « les femmes auteures ». Elle est ainsi comparée à Balzac ou Hugo, sans discrimination de genre.
Son combat pour défendre le droit des femmes et lutter contre les préjugés conservateurs de la société lui vient certainement de son arrière-grand-mère, Louise Dupin, qu’elle admire.
Toute sa vie, elle n’a de cesse d’exprimer des revendications féministes et de se révolter contre les préjugés sociaux. C’est entre 1832 et 1840 qu’elle défend le plus cette idéologie à travers des œuvres telles qu’Indiana ou Leila. Elle y questionne l’utilité du mariage, critique les normes traditionnelles, diabolise la supériorité masculine, ambitionne l’égalité des genres (dans la famille, dans le mariage et dans la société).
Pour elle, le rapport entre les sexes est mal établi, notamment à cause des mentalités conservatrices de l’époque, où les conquêtes et l’amour libre sont mal perçus. Même si son discours résonne auprès d’un lectorat féminin de plus en plus attentif, il n’en reste pas moins qu’elle subit de nombreuses critiques de la part d’hommes et de conservateurs.
Désiré Nisard dira :
« Il serait peut-être plus héroïque à qui n’a pas eu le bon lot, de ne pas scandaliser le monde avec son malheur en faisant d’un cas privé une question sociale. La ruine des maris, où tout au moins leur impopularité, tel a été le but des ouvrages de George Sand. »
Ce à quoi G.Sand lui répondra :
« Oui, monsieur, la ruine des maris, tel eut été l’objet de mon ambition, si je me fusse senti la force d’être un réformateur ».
« J’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, la famille et la société. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d’une si belle cause, et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie. » Mais pour commencer, cette inégalité entre l’homme et la femme ne pourra être vaincue qu’à partir du moment où l’éducation des jeunes filles deviendra une priorité. Sa vision est de combattre l’ignorance, pour que les femmes puissent devenir autodidactes et libres de leurs choix ».
Dans les années où elle se faisait encore appeler Aurore, la politique n’occupait pas une place importante dans sa vie. En souvenir de son père, elle estimait qu’il était simplement bon de soutenir ses idées bonapartistes.
Cependant, à partir de 1848, elle s’engage activement dans une lutte socialiste, et participe même au lancement de trois journaux (La Cause du peuple, Le bulletin de la République, l’Éclaireur).
- Elle prend le parti des pauvres et des ouvriers, dans le respect de ses origines modestes du côté de sa mère.
- Elle soutient les condamnés et les prisonniers politiques (comme Victor Hugo), dans sa lutte contre la royauté et pour la République.
L’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir met fin à ses activités militantes, à cause des emprisonnements et de la censure. Alors, à défaut de s’exprimer dans la presse, elle manifeste dorénavant ses opinions dans ses ouvrages.
Dans l’histoire de la vie de George Sand, le domaine de Nohant représente un personnage à part entière. Situé à 300 km de Paris, il est à la fois un refuge, un toit protecteur, un havre de paix, un souvenir d’enfance, une histoire familiale, un lieu de rencontre et d’inspiration.
C’est dans cette maison de maître, en plein cœur du Berry, que George Sand écrit de nombreux romans, tels que « Indiana », « la mort au diable » « la petite fadète », « Valentine » ou « François le Champi ».
C’est d’ailleurs ici qu’elle a imaginé la « Vallée noire », un cercle imaginaire autour de Nohant, que l’on retrouve dans quelques-unes de ses œuvres.
Dans la préface de Valentine, voilà ce qu’elle y dit : « La Vallée Noire, si inconnue, ce paysage sans grandeur, sans éclat, qu’il faut chercher pour le trouver, et chérir pour l’admirer, c’était le sanctuaire de mes premières ; de mes longues, de mes continuelles rêveries ».
Le domaine de Nohant voit défiler l’élite littéraire, où les plus grands esprits du 19e se réunissent. Il est évident que George Sand devait être une femme extraordinaire pour que le Tout-Paris vienne jusqu’à ses campagnes, malgré le long voyage (300 km) que cela demandait à l’époque.
Elle aimait y recevoir ses amis, mais également ses conquêtes amoureuses (De Musset, Chopin). Elle avait même aménagé un atelier d’artiste pour Eugène Delacroix, pour ses séjours à Nohant, où il y peindra d’ailleurs une dizaine de toiles.
Elle y construit un théâtre à la fin de sa vie, vers 1850, où elle invitait ses amis et sa famille à participer. C’était également l’occasion de tester les pièces qu’elle écrivait.
Dès que la vie lui est hostile, elle se rend à Nohant :
- le décès de Jeanne, sa petite fille ;
- ses ruptures amoureuses ;
- les émeutes sociales ;
- le coup d’Etat de Bonaparte ;
- le décès de son dernier compagnon, Alexandre Manceau.
Devenue affectueusement « la Bonne Dame de Nohant », elle aime passer du temps avec ses petits-enfants, écrire et jardiner. Le jardin actuel est d’ailleurs dans le même état où George Sand l’a laissé.
Quelques années plus tôt, elle y a planté 2 magnifiques cèdres : un en 1823 pour Maurice et le second en 1828 pour Solange. Quand elle sent que la fin approche, elle choisit de loger dans la seule chambre ayant une vue imprenable sur ces deux arbres.
Elle meurt en 1876, à 72 ans d’une inclusion intestinale. Sa tombe est située dans le cimetière de Nohant.
Est-ce que Aurore Dupin serait devenue George Sand sans Nohant ?
La peinture George Sand est un bleu turquoise gracieux retrouvé sur les dépendances de la demeure de Nohant. Comme pour toutes les autres peintures, la teinte a été refaite à l'identique sur place.
Ce bleu marque encore une fois l’originalité et le non-conformisme de George Sand, où ce genre de teintes à l’époque était peu protocolaire.
Le bleu de George est un bleu intense apposé sur les communs de la propriété de Nohant et décliné en peinture intérieure.